Yuval Noah Harari

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Yuval Noah Harari
Yuval Noah Harari lors d'un interview à Berlin (2017).
Biographie
Naissance
Nom de naissance
יובל נח הרריVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Mesilat Zion (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Historien, historien militaire, philosophe, auteur de livres de vulgarisation, médiéviste, écrivainVoir et modifier les données sur Wikidata
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Young Academy of Sciences of Israel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Yuval Noah Harari, né le à Kiryat-Ata en Israël, est un historien et professeur d'histoire à l'université hébraïque de Jérusalem, il est l'auteur du best-seller international Sapiens : Une brève histoire de l'humanité et de sa suite Homo Deus : Une brève histoire de l'avenir puis 21 leçons pour le XXIe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Yuval Harari est né à Kiryat-Ata en Israël de parents juifs libanais séfarades[1] ayant des racines en Europe de l'Est[2]. Il se spécialise en histoire médiévale et militaire et obtient son doctorat au Jesus College de l'université d'Oxford en 2002. Il devient enseignant de World History à l'université hébraïque de Jérusalem en 2005.

Harari pratique la méditation vipassana depuis 2003[3], telle qu’enseignée par S. N. Goenka et ses assistants-enseignants, dans la tradition de Sayagyi U Ba Khin (en). Son livre Homo Deus est d'ailleurs dédié à son maître S. N. Goenka[4]. Il médite deux heures par jour et fait souvent de longues retraites[5].

En écrivant Sapiens : Une brève histoire de l'humanité, Yuval Harari s'est documenté en zootechnie, sur le traitement des animaux dans l’industrie de la viande, des produits laitiers et des œufs jusqu'à en être horrifié, ce qui l'a amené à devenir végan[3],[6]. Le sort des animaux, en particulier des animaux d'élevage, est traité à plusieurs reprises dans ses ouvrages.

Il est homosexuel, ce qui lui permet selon lui « de remettre en question les idées reçues »[5], et vit avec son mari[7] et manager Itzik Yahav[8] dans le moshav (communauté agricole coopérative) Mesilat Zion près de Jérusalem.

Ses conférences en hébreu sur l’histoire du monde ont été visionnées par des dizaines de milliers d’internautes en Israël. Yuval Harari a proposé également en 2014 une série de cours en ligne gratuits en anglais (MOOC) intitulée « A Brief History of Humankind »[9]. Plus de 100 000 personnes y étaient inscrites. Harari a pu se faire connaître dans le monde entier par le biais de ses Ted talks[10].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Son ouvrage le plus connu Sapiens, d’abord publié en hébreu en Israël (2011) sous le titre Une brève histoire de l’humanité, est traduit dans près de 30 langues (en français en 2015)[11]. Le livre retrace toute l'histoire de l'humanité, depuis l’évolution de l’homo sapiens de l’âge de pierre au XXIe siècle.

Sapiens est fondé sur un cours qu'a donné Harari alors qu'aucun de ses collègues ne voulait s'en charger. Refusé par la majorité des grandes maisons d'éditions israéliennes, le livre trouve finalement un éditeur ; il est devenu depuis un bestseller publié dans plus de vingt pays[2],[12].

En 2017, Harari publie Homo Deus : Une brève histoire du futur et, en 2018, 21 leçons pour le XXIe siècle.

S'associant à David Vandermeulen et Daniel Casanave, il livre en 2020 le premier tome en bande dessinée de la série Sapiens, intitulé Sapiens : La Naissance de l’humanité (Albin Michel) suivi du deuxième tome Sapiens: les piliers de la civilisation. L'ouvrage figure dans la sélection pour le Fauve d'or au Festival d'Angoulême 2021[13].

Réception critique[modifier | modifier le code]

Ses travaux ont suscité l’intérêt des universitaires aussi bien que celui du grand public et ont rapidement fait d’Harari une célébrité[14], sa recommandation par Mark Zuckerberg dans son club de lecture y ayant contribué[15], tout comme Barack Obama qui a « adoré cette histoire de l'humanité vue du ciel » et Bill Gates qui a chaudement recommandé ce livre « vivifiant »[16].

Des titres flamboyants ont paru aux unes des journaux pour le désigner : « Le penseur le plus important du monde » selon Le Point et 20 Minutes[6].

Pour la journaliste Évelyne Pieiller du Monde diplomatique :

« Harari a cherché à étayer, et souvent asséné, les lieux communs propres à la conception du monde selon le libéralisme : tout est relatif ; il n’est pas de vérité ultime ; il y a une nature humaine première ; la raison sert de masque aux émotions qui l’impulsent, seules véritablement déterminantes, etc.[17] »

Ses travaux sont par ailleurs critiqués par certains anthropologues, archéologues et spécialistes en neuroscience. Par exemple, Darshana Narayanan, spécialiste en neuroscience comportementale, écrit dans un article intitulé "The Dangerous Populist Science of Yuval Noah Harari" publié dans le journal Current Affairs que

"Harari nous a séduits par ses récits, mais un examen attentif de son travail montre qu'il sacrifie la science au profit du sensationnalisme, commet souvent de graves erreurs factuelles et présente comme certain ce qui n'est que spéculations. Les sources sur lesquelles il fonde ses déclarations sont obscures, car il fournit rarement des notes de bas de page ou des références adéquates et est remarquablement avare de reconnaissance envers les penseurs qui ont formulé les idées qu'il présente comme les siennes." [traduit de l'anglais][18]

Christopher Hallpike, spécialiste en anthropologie évolutionniste, déclare quant à lui dans une revue de lecture du livre Sapiens (2015) :

"Nous ne devrions pas juger Sapiens comme une contribution sérieuse à la connaissance mais comme de l'"info-divertissement" (infotainment), un événement éditorial visant à titiller ses lecteurs par une folle promenade intellectuelle à travers le paysage de l'histoire, parsemée de spéculations sensationnelles et se terminant par des prédictions à glacer le sang sur le destin de l'humanité." [traduit de l'anglais] [19]

L'anthropologue David Graeber et l'archéologue David Wengrow, par ailleurs, dénoncent dans l'ouvrage intitulé Au commencement était… l'absence d'usage, non seulement chez Yuval Noah Harari, mais aussi chez d'autres auteurs d'ouvrages bestsellers portant sur les origines de la civilisation, à l'instar de Francis Fukuyama, Jared Diamond ou bien de Steven Pinker, des données les plus à la pointe de l'archéologie et de l'anthropologie contemporaine, qui permettent de défendre une thèse évolutionniste plurielle de l'histoire de l'humanité - a contrario des versions unilinéaires inspirées des mythes du Jardin d'Eden, qui tendent à présenter l'avènement des civilisations étatiques complexes comme un phénomène inévitable et irréversible[20].

Yuval Noah Harari est considéré par certains complotistes, notamment français, comme étant « le pape du transhumanisme et l’instigateur d’un plan visant à établir un « nouvel ordre mondial » »[21].

Prise de position[modifier | modifier le code]

Fin , Yuval Noah Harari refuse de recevoir une distinction délivrée par le consulat israélien à Los Angeles, afin de protester contre la promulgation par Israël de la loi sur l'État-nation, la qualifiant d'« érosion des normes libérales de base d'Israël ». Il réitère ainsi ses propos concernant le conflit israélo-palestinien :

« La véritable anomalie du conflit israélo-palestinien est que l’ordre mondial est prêt à laisser ces anomalies s’envenimer pendant des décennies, comme si elles étaient parfaitement normales[22],[23],[24]. »

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • « The Military Role of the Frankish Turcopoles – a Reassessment », Mediterranean Historical Review 12 (1) (June 1997), p. 75-116.
  • « Inter-Frontal Cooperation in the Fourteenth Century and Edward III’s 1346 Campaign », War in History 6 (4) (September 1999), p. 379-395
  • « Strategy and Supply in Fourteenth-Century Western European Invasion Campaigns », The Journal of Military History 64 (2) (April 2000), p. 297-334.
  • « Eyewitnessing in Accounts of the First Crusade: The Gesta Francorum and Other Contemporary Narratives », Crusades 3 (August 2004), p. 77-99
  • « Martial Illusions: War and Disillusionment in Twentieth-Century and Renaissance Military Memoirs », The Journal of Military History 69 (1) (January 2005), p. 43-72
  • « Military Memoirs: A Historical Overview of the Genre from the Middle Ages to the Late Modern Era », War in History 14:3 (2007), p. 289-309
  • (en) Yuval Noah Harari, « The Concept of ‘Decisive Battles’ in World History », Journal of World History, no 18:3,‎ , p. 251-266* « Knowledge, Power and the Medieval Soldier, 1096–1550 », in In Laudem Hierosolymitani: Studies in Crusades and Medieval Culture in Honour of Benjamin Z. Kedar, ed. Iris Shagrir, Ronnie Ellenblum and Jonathan Riley-Smith, (Ashgate, 2007)
  • « Combat Flow: Military, Political and Ethical Dimensions of Subjective Well-Being in War », Review of General Psychology (September, 2008)
  • (en) Yuval Noah Harari, « Armchairs, Coffee and Authority: Eye-witnesses and Flesh-witnesses Speak about War, 1100-2000 », Journal of Military History, no 74:1,‎ , p. 53-78

Distinctions[modifier | modifier le code]

Prix et récompenses[modifier | modifier le code]

  • 2009 et 2012 : « prix Polonsky pour la créativité et l'originalité »[25]
  • 2011 : « Society for Military History’s Moncado Award »[26] pour les articles qu'il a rédigés sur l’histoire militaire
  • 2015 : Prix du Savoir et de la Recherche pour Sapiens

Sociétés savantes[modifier | modifier le code]

  • 2012 : élu membre de l'Académie israélienne junior des sciences.

Honneurs[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les prédictions de Yuval Noah Harrari, L'arche magazine
  2. a et b (en) « Yuval Noah Harari: The age of the cyborg has begun – and the consequences cannot be known », sur The Guardian, .
  3. a et b « D’où vient la domination humaine ? », sur L’AMORCE, (consulté le )
  4. « Homo Sapiens et Homo Deus: la nouvelle bible de l'Humanité ? », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a et b « Grand entretien. Yuval Noah Harari : “Le pouvoir des hommes repose sur des fictions collectives” », Courrier international,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b « Qui est Yuval Noah Harari, «le penseur le plus important du monde»? », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  7. (en-US) Nellie Bowles, « Tech C.E.O.s Are in Love With Their Principal Doomsayer », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  8. David Larousserie, « Yuval Noah Harari : « La technologie nous laisse le choix, à condition d’être imaginatifs » », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Online Course: A Brief History of Humankind - Yuval Noah Harari (17 leçons en 62 vidéos)
  10. Bananas in heaven. Yuval Noah Harari. TEDxJaffa .
  11. Payne, Tom (26 September 2014). "Sapiens: a Brief History of Humankind by Yuval Noah Harari, review: 'urgent questions'". The Telegraph. Retrieved 29 October 2014.
  12. (en) « Yuval Noah Harari: Interview », sur thebookseller.com, .
  13. Antoine Oury, « BD : les sélections officielles du FIBD 2021 dévoilées », sur ActuaLitté, .
  14. «Fast talk / The road to happiness», Haaretz, 25 avril 2012.
  15. (en) « Why Mark Zuckerberg wants everyone to read an Israeli historian's book about the human race », sur businessinsider.fr, .
  16. « Les secrets du succès planétaire de Yuval Noah Harari, Monsieur Sapiens », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Evelyne Pieiller, « "Sapiens", décryptage d’un succès planétaire », sur Le Monde diplomatique, .
  18. [1]
  19. >[2]
  20. David Graeber and David Wengrow, The Dawn of Everything: A New History of Humanity, United Kingdom, Allen Lane, , 704 p. (ISBN 978-0-241-40242-9), p. 238
  21. « Yuval Noah Harari, nouvelle bête noire de la complosphère », sur Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme, (consulté le )
  22. (en) "The truly great anomaly of the Israeli-Palestinian conflict is that the global order has been willing to allow these anomalies to fester for decades, as if they were perfectly normal." In Only in Israel, or Only in Palestine? par Yuval Noah Harari. Haaretz, 7 juillet 2014.
  23. (en)Israel author refuses honour, protesting nation-state law. Memo - Middle East Monitor, 30 juillet 2018.
  24. (en)Bestselling Israeli history professor boycotting Jewish State? Tzvi Lev. JTA/Arutz Sheva, 30 juillet 2018.
  25. A propos sur le site de Yuval Noah Harari
  26. (en) « Society for Military History Program and Awards », sur civilwarriors.net (version du sur Internet Archive).
  27. (en) « Harari’S Honorary Doctorate dedicated to everyone who is now 21 in the 21st century », sur Vrije Universiteit Brussel (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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